mardi 26 avril 2011

On en manquerait presque d'oxygène...

"Four, eight... Four, eight...". La connexion est interrompue. Prenez un monstre, mélangez-le à un enfant, laissez-le reposer dans une maladie rare... et voilà Nitch. Sa tête disproportionnée et sanglante effraierait n'importe qui, mise à part sa mère. Instinct maternel oblige, c'est elle qui va tout faire pour l'aider, jusqu'à traverser les éprouvantes neuf chambres... Il faut se rendre à l'évidence, le voyage sera long et périlleux. Bienvenus en l'an 2813, à Tarkovgrad. Prêts pour l'expédition?




Le spectacle StAnD AlOnE ZoNe joue avec les décors, trompe l'oeil, allie fictif et réel, à la manière d'un dessin animé. Des jambes arquées, des paroles d'une langue inconnue, des costumes fantaisistes et des rires enfantins donc, mais aussi une bande son à vous donner des frissons. Les "tic tac" des gouttelettes de l'usine désaffectée, le vrombissement de l'interminable ascenseur et la sombre musique accompagnant l'étrange bête aux allures de loup féroce vous plongent dans une atmosphère mystérieuse et oppressante...
Les costumes assez colorés tranchent sur les décors futuristes aux couleurs sobres. Même la chambre du bébé est morbide! Décors tout aussi modernistes dans leur conception puiqu'ils se révèlent être des vidéos projetées sur toile. Les images défilent, font corps avec les acteurs, racontent une histoire, puis c'est le noir.
Le metteur en scène et compositeur Karl BISCUIT ainsi que la chorégraphe Marcia BARCELLOS ont élaboré un spectacle technique: parfaite synchronisation des danseurs, chorégraphies maîtrisées, intéressante utilisation de l'espace, enchaînement rapide des différentes scènes, quoiqu'un peu trop nombreuses. Une scène mémorable, celle du théâtre désaffecté, où, de rouge et noir vêtue, la mère, bestiale, ses cheveux de jais tombant en cascade sur ses épaules. Sa danse est libre, ses gestes lents, souples, mais conçis. Elle virevolte dans sa robe longue devant un public fantôme, mais peu importe, bercée par la musique, elle semble voler.





Un spectacle ouvrant de nouvelles perspectives à la science-fiction qui peut autant plaire que décevoir, notamment pour quelques bémols comme le faible volume sonore des paroles des acteurs ou les incohérences entre certaines scènes. En outre, la danse est secondaire, mais pas négligeable puisqu'elle apporte une touche d'émotion à l'oeuvre. Que serait un bébé sans gestes tendres? Et une tigresse sans animosité? Un spectacle sans valeur. On peut cependant regretter la place avantageuse des décors (vidéos projetées) et des costumes au détriment du sixième art, la danse. N'y aurait-il pas là un amer reflet de notre société basée sur les apparences?




SaBrInA Da CoStA
& CéLiA PaUlMiN

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