mardi 29 mars 2011

Un article de Rosita Boisseau à analyser

1) Identifiez titre, sous-titre et intertitres.
2) Repérez les passages de l'article :
a) qui informent, c'est-à-dire qui donnent des faits bruts : quels types d'information donne RB ? Peut-on dire qu'elle répond aux questions : qui ? quoi ? où ? quand ? Où apparaissent les principales informations ?
b) qui décrivent, c'est-à-dire qui donnent à voir par les mots des aspects ou des moments du spectacle : quelles sont les différentes composantes du spectacle décrites par RB ? Où se situe l'essentiel de la description ?
c) qui commentent, c'est-à-dire qui analysent le parti pris de la mise en scène et identifient l'originalité du spectacle : relevez les formules les plus significatives.
d) qui jugent, c'est-à-dire qui donnent un avis subjectif sur le spectacle : relevez les formules les plus frappantes.

La fragilité choisie d'Aurélien Bory

Le chorégraphe a conçu une ode au flamenco

Questcequetudeviens? La banalité du titre de la nouvelle pièce du metteur en scène Aurélien Bory, à l'affiche du Théâtre Nanterre-Amandiers, ne donne aucun indice sur le spectacle. Bien au contraire. Il se situe résolument à l'opposé. Ce trio, entre une danseuse flamenco (Stéphanie Fuster), un chanteur (Alberto Garcia).et un guitariste (José Sanchez), possède la saveur indéfinissable d'un plat exotique et inédit. On en teste d'abord longuement chaque bouchée avant de l'adopter.
La recette de Questcequetudeviens? fait dans la légèreté, la fragilité, le peu. Quelques notes de guitare dans l'obscurité, une voix qui écharpe l'air, une robe- rouge à volants comme un fantôme surgi du fond de la mémoire ... Paradoxalement, ce qui pourrait ressembler à des faiblesses devient les qualités d'un spectacle qui s'aime et se revendique fluet, fuyant, bâti avec trois fois rien sur un espace vide.
À quoi tient alors la solidité de ce trio flamenco? À son travail du plateau et une foule de détails ajustés. Quand ils ne tuent pas, on sait combien les détails signent un propos. Entre l'abri façon cabane de chantier en verre, qui se transforme en petit studio de répétitions, et le carré de planches surélevées qui accueille la danseuse, les interprètes passent et disparaissent, jouent à cache-cache, glissent sur des fauteuils à roulettes. Aurélien Bory aurait presque pu chorégraphier cette pièce dans un couloir où les personnages se croiseraient comme dans un rêve.
Une image, une seule, pour l'exemple, qui fait l'originalité, magique de Questcequetudeviens? Soudain, des plaques de buée recouvrent la vitre de la cabane jusqu'à opacifier le lieu. L'hiver passe en quelques secondes, avec les bouches et les cheminées qui fument.
Le talent des interprètes, en particulier celui de Stéphanie Fuster, est pour beaucoup dans la beauté de cette pièce qui prend imperceptiblement la tournure d'un portrait et d'une déclaration à la danseuse.

En cinquante-cinq minutes, Stéphanie Fuster glisse de la petite fille déguisée en Espagnole à la femme d'aujourd'hui pour qui le flamenco est devenu un code d'accès à la vie.
Sa danse est retenue, sèche, toute en arêtes. Lorsqu'elle explose dans l'air comme un coup de feu, elle dessine un graphique électrique. Son zapateado (frappe des pieds) semble arracher du sol des tremblements, des secousses qui irradient jusqu'au bout de ses doigts. L'obstination à trouver son mouvement se lit dans chacun de ses gestes. Stéphanie Fuster est une femme dure à danser, élégante.

Respiration
D'origine toulousaine comme Aurélien Bory, elle a quitté la France pour Séville et le flamenco. De 1998 à 2006, elle se forme auprès de Manolo Marin, puis d'Israël Galvan, avec lequel elle collabore pour différents spectacles. En 2006, elle crée la Fabrica Flamenca à Toulouse. C'est elle qui a demandé à Aurélien Bory de la mettre en scène. Il a dit oui.
Questcequetudeviens? ressemble à une prise de respiration dans la production d'un metteur en scène qui aime les pas de côté. Bory fait tourner actuellement son gros format Les Sept Planches de la ruse, créé en 2007 pour quatorze acrobates chinois, et répète un nouveau spectacle avec un robot, intitulé Sans objet. Depuis 2000, le parcours de celui qui aime fusionner des choses a priori incompatibles ne cesse de surprendre. L'acoustique architecturale d'abord, puis le cirque, le jonglage, le théâtre et la danse, font partie de ses munitions. Ciseler une miniature comme Questcequetudeviens? accroche un nouvel exploit à son palmarès.

Rosita Boisseau, Le Monde, 6 octobre 2009

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire